JE FAIS COMME JE PEUX, ET C’EST DÉJÀ ÇA !

Cela fait quelques années qu’Isabelle Pailleau et sa merveilleuse « Fabrique à Bonheurs » ont croisé notre chemin. Alignées sur l’idée un peu folle que l’on a les cartes en main pour « réenchanter notre quotidien », sans pour autant se mettre la pression, ça a vite fait tilt entre nous.

Ajoutons à cela un mantra (peut-être même une philosophie) que l’on partage avec Isabelle… et Einstein ! : « La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c’est l’humour ».

Dans la vie comme dans son tout nouvel ouvrage – un MUST HAVE : J’élève mon enfant du mieux que je peux…et c’est déjà bien (éditions Eyrolles), Isabelle nous rassure, nous guide, nous prend la main mais ne nous bouscule jamais.

Un livre à (s’)offrir pour enfin arrêter de s’autoflageller, de culpabiliser et se rappeler qu’en tant que parents, on fait de notre mieux et c’est déjà bien !

Échanges décomplexés avec Isabelle Pailleau, psychologue du travail et des apprentissages, thérapeute familiale et dirigeante de la « Fabrique à bonheurs ».

Comment on troque « être les meilleurs parents » par « faire de son mieux » ?

En s’acceptant avec nos imperfections. Les parents parfaits, ça n’existe pas et même si ça existait ce serait effrayant. Donc baissons nos attentes en matière d’objectifs parentaux et revenons à l’essentiel : sécurité physique et affective, amour, bienveillance, joie et humour si possible.

 

Les parents d’aujourd’hui sont-ils trop durs et exigeants avec eux-mêmes ?

Oui beaucoup trop. Nous vivons dans une société de la performance et du zéro défaut avec une forte exigence ambiante. Nous sommes constamment écrasés par le regard social que nous entretenons aussi avec les réseaux. Nous pensons que l’herbe est toujours plus verte ailleurs, que les enfants des autres sont plus performants, plus sages, plus mieux 😉 Nous essayons donc de rester dans la course au risque de nous épuiser.

 

Est-il possible de « lâcher prise » avec ses enfants ? Quand et comment ?

Lâcher prise ne signifie pas les abandonner. Mais revoir nos priorités et nos exigences vis-à-vis d’eux. L’apprentissage se fait par étapes et nous sommes souvent trop désireux de passer ces étapes rapidement pour qu’ils sachent par exemple… s’habiller seuls, manger proprement, dire bonjour à la dame ou au monsieur, etc. Nous mettons donc beaucoup de pression sur des choses qui vont de toute façon s’intégrer par mimétisme et qui ne valent pas la peine que nous abîmions la relation avec notre enfant.

En résumé, il faut lâcher prise sur des sujets où l’enfant n’a pas encore atteint la maturité physique, intellectuelle ou affective. Ce qui signifie connaître globalement les étapes de développement général de l’enfant.

 

Cela ne risque-t-il pas de « saper » mon autorité ?

Non rien ne sape l’autorité parentale si cette fonction d’autorité est bien comprise et mise en œuvre. Si je sais que je suis un adulte dont la responsabilité parentale, donnée aussi par la société, est de m’occuper au mieux de mon enfant pour le rendre autonome et responsable à son tour, alors je vais assumer mon autorité (et pas mon autoritarisme) de manière alignée, cohérente et responsable. Et cela se fera en douceur.

 

Si tu avais un seul conseil à donner…

Un conseil à un parent (trop) stressé ?

Se prendre tout d’abord en charge pour faire baisser son stress très mauvais pour lui et pour les autres. Séances de sophrologie ou de psychologie pour aller chercher l’origine du stress ; moments de détente seul.e ou avec des ami.e.s.

Il s’agit de prendre de la hauteur et de savoir qu’un jour le métier de parent s’arrête au quotidienainsi que le stress qui va avec.

 

Un conseil à un parent qui lutte à exercer son autorité ?

Ne confondez pas autorité et autoritarisme. L’autorité peut être douce et ferme. Soyez sûr que votre enfant vous aimera toujours même si vous lui refusez ce qu’il désire ou si vous lui interdisez de jouer à la Playstation.

 

Un conseil à un parent qui lutte avec les devoirs ?

Faites un petit bilan de l’élève que vous avez été. Quelles étaient vos peurs ? Évitez de les projeter sur votre enfant. Et mettez de la joie dans le moment des devoirs. D’ailleurs appelez ça plutôt entraînement que devoirs. Les mots ont un sens J

 

Un conseil à un parent qui n’a pas dormi depuis des années ?

Ayez la conviction absolue qu’un jour votre enfant fera ses nuits et vous les vôtres. Faites des micro-siestes dès que possible pour récupérer de l’énergie.

 

Un conseil à un parent d’ado qui peine à communiquer ?

Allez-y en douceur et éviter les sujets brûlants. Commencez à partager des petites choses sans importance et posez des questions pour vous intéresser à lui (sans être intrusif). Puis laissez-le venir vers vous en douceur.

 

Dans le contexte actuel, nous les parents, sommes « au bout du rouleau ». Comment trouver l’énergie là où il n’y en a plus ?

Faire des pauses ; se passer le relais ; avoir des bons amis chez qui on peut déposer son/ses enfants (à charge de revanche) pour souffler ; écouter de la musique qui fait monter notre énergie à 100 % ; arrêter de s’inquiéter pour tout et rien et de construire dans sa tête en boucle des scénarios catastrophes sur les échecs, et autres tourments à venir de nos enfants. Ils ont de la ressource et apprendront à se débrouiller en grandissant.